Philippe Antoine, démographe, directeur de recherche à l’ORSTOM, travaille depuis quatre ans au Centre français sur la population et le développement (CEPED) sur des projets de recherche concernant les conséquences de l’urbanisation en Afrique de l’Ouest. Il a séjourné en Algérie, en Côte d’Ivoire et au Sénégal. Il a publié plusieurs ouvrages, dont récemment «Les familles dakaroises face à la crise» et «La ville à guichets fermés. Itinéraires, réseaux et insertion urbaine». L’auteur à travers cet article, fait un état des lieux de l’urbanisation en Afrique et propose des perspectives. Il ne manque pas, par ailleurs, de mentionner que la politique d’ajustement mise en place par les gouvernements en Afrique est un frein à une meilleure structuration des villes africaines. Le travail qui nous est assigné sera axé autour de trois thèmes, à savoir, d’abord, la migration et l’urbanisation en Afrique, ensuite l’urbanisation en Afrique et enfin les perspectives de la population urbaine. L’histoire des migrations et de l’urbanisation en Afrique se subdivise en trois grandes périodes, l’esclavage, la colonisation, et la grande période des indépendances. Les deux dernières périodes sont celles qui sont les plus marquées par des déplacements massifs de populations et les villes comptoirs laissées par les colons ont favorisé leur implantation. Au-delà même de ces réalités, les peuples africains étaient très organisés sous l’autorité d’un roi ou d’un empereur, c’est l’exemple du royaume Akan et de l’empire Songhaï. C’est dire que l’urbanisation en Afrique était prévisible et a été brisée dans son élan par les périodes sus cités, on aurait eu dans ce cas de figure probablement un modèle d’urbanisation africain typiquement. L’exorde rural, qui est un déplacement massif de populations, illusionnées par le mirage du mieux être social, des zones rurales vers les villes, a intensifié le phénomène de l’urbanisation. Elle tend à diminuer, selon (Bocquier ; Traorer, 1995) et même à s’inverser. Ce ralentissement serait dû à l’effet de la grande crise économique qu’ont connu les pays africains dès les années 1980, provoquant ainsi la baisse des activités économiques. L’appréciation de l’urbanisation en Afrique, est très subjective et dépend de l’indice choisi. L‘auteur déplore le fait que, les données statistiques nationaux collectées sur le terrain, ne soient pas restituées à un niveau aussi fin que le quartier ou l’îlot. Cela ne permet pas d’évaluer le nombre et le type d’équipement qu’il faudrait pour une population donnée. Les villes africaines aujourd’hui se sont inspirées des modèles des villes coloniales ; selon (Massiah, Trillon, 1988), le modèle colonial a imposé des trames qui persistent encore aujourd’hui, et a accentué les différences entre les quartiers des villes africaines. Il faut aussi signifier que le taux d’urbanisation n’est pas homogène ; que l’on se trouve en Afrique du nord qu’en Afrique de l’ouest ce taux varie. L’étude monographique en Afrique est encore à la traine elle n’est pas précise. En plus, les limites des villes ne sont pas clairement définies, sans oublier que la population urbaine croit rapidement ; tout ceci rend difficile une mise en place de politique durable. Il y a donc un problème d’inadéquation en toutes ces phases, qui au lieu d’être juxtaposées sont décalées. Il est donc difficile de préciser pays par pays les effectifs de population urbaine en Afrique. L’urbanisation en Afrique paraît comme un mythe, face à tous ces facteurs insaisissable. Pour sa réussite il faudrait une collaboration simultanée de tous les acteurs sur un plan d’urbanisation durable et stable. BIBLIOGRAPHIE Antoine, P., Bocquier, P., Fall Abdou Salam, Guissé Youssouf Mbarguane & Nanitelamio J. 1995. Les familles dakaroises face à la crise. 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